Pauvre Grue
Bertrand Belin
(x4) Rien ne dit que tu ne viendras pas hanter jusqu'au champs voisin Dix hivers ne me tomberont pas facilement des mains Remarque je ne veux ni te perdre, ni ta perte, ni rien Seulement oublier un peu le poids de tes mains Partout le silence a pris, comme on dit, du galon Des congères de silence sous des lits de liserons L'herbe a déjà repoussé sous la neige amassée Viendra la saison qui verra les merles rechanter J'ai voulu te porter Bien J'ai voulu te porter Bien Je suis venu tout seul et puis je n'ai que ces mains Je suis venu seul, une chemise et ces mains Ces mains Parmi les jours tombés dans les ravines il y a Diverses qualités de jour, de nos jours je crois Et bien que j'aie le bras gourmand, le temps et tout ça Je ne vois rien d'autre dans les ravines qu'un tas Une cathédrale de gestes empilés sans penser Qui n'a pu que pousser jusqu'à se laisser pencher Pauvre grue, je dis pauvre grue, quelle grue t'a montée ? Je dis quelle grue t'a montée ? J'ai voulu te porter Bien J'ai voulu te porter Bien Je suis venu tout seul et puis je n'ai que ces mains Je suis venu seul, une chemise et ces mains Ces mains Je me passe très bien de condition de chapeau Je ne regarde pas mon voisin, serait-ce un chien, de haut Qu'il y eut une forêt dessous cette ville immense Voilà qui me fait une bien belle jambe, tu penses Jusqu'à l'endroit inconnu où se versera la vie La nuit envahit tout, paroles, poumons, pays Je saisis quelque chose et cette chose se hisse A peine au rang d'une lueur tapie dans les abysses J'ai voulu te porter Bien J'ai voulu te porter Bien Je suis venu tout seul et puis je n'ai que ces mains J'ai voulu te porter Bien J'ai voulu te porter Bien Je suis venu tout seul et puis je n'ai que ces mains Je suis venu seul, une chemise et ces mains