La grande marée
Bernard Lavilliers
Un colosse aux pieds d'argile, surveille la frontière Des gosses aux mains fragiles, jouent avec la poussière Des veuves aux longs doigts fébriles,distillent le thé Un vieillard au regard tranquille, sort de la fumée C'est la grande marée, la grande marée, la grande marée La grande marée, la grande marée, la grand Un roi perclu de solitude, sur son trone dérisoire Un café une pendule, un bout de trottoir Un réveil sinistre et drole, sur l'épaule d'un ouvrier Qui s'en va au bout du mole, vers l'éternité Refrain Des enfants qui jouent, à l'ombre des matraques Le temps qu'il fait, six mois de prison à un maniaque Une étoile est tombée, dans ma guitare Si j'étais croyant, ce serait un don du ciel Refrain Les rues n'ont plus de recoins, plus d'angles morts ça facilite les rapports de force Il n'y a plus d'amoureux, plus de bancs publics Nous sommes éternellement bronzés, notre vocabulaire est réduit à cinquante mots Nous branchons nos sexes dans le secteur, et nos spermatozoïdes sont calibrés et placés dans des banques Ils servent de monnaie d'échange aux eunuques qui nous gouvernent Notre société d'aébondance fait merveille Il n'y a plus qu'une classe, quoiqu'en y réfléchissant bien... Il y en ait une autre. Mais il est déconseillé de réfléchir ! Nous ne faisons plus jamais l'amour, sauf de temps en temps Avec le gardien qui nous surveille Le mien est frigide Refrain