Betty
Bernard Lavilliers
-. Tu n'as pas sommeil, tu fumes et tu veilles, t'es toute écorchée -. T'es comme un chat triste, perdu sur la liste des objets trouvés, -. La nuit carcérale tombant sur les dalles et ce lit glacé, -. Aller et venir, soleil et sourire sont de l'autre côté. -. Ces murs, ces grillages, ces portes et ces cages ces couloirs ces clés -. Cette solitude si dure et si rude qu'on peut la toucher -. Ce rayon de lune sur le sol allume, visage oublié -. De celui que t'aime, qui tire sur sa chaîne, comme un loup blessé. Betty, faut pas craquer Betty, faut pas plonger Je sais, ils t'ont couchée là Et puis ils ont fermé leurs barreaux d'acier Betty, faut pas pleurer Betty, faut pas trembler Je sais, tu vas rester là T'aim'rais plus t' réveiller, plus jamais rêver -. Je te dis je t'aime, dans ce court poème, dans ce long baiser -. Tu es ma frangine, juste une féminine que j' avais rimée -. Je te donne ma force, mes mots et mes notes pour te réchauffer -. Je hais la morale, les prisons centrales, les maisons d'arrêt -. Je n'ai pas sommeil, je fume et je veille et j'ai composé -. Une chanson d'amour, une chanson secours pour l'autre côté -. Pour ceux que l'on jette dans les oubliettes, dans l'obscurité -. Pendant qu'les gens dorment au fond du conforme, sans se réveiller Betty, faut pas craquer Betty, faut pas plonger Je sais, ils t'ont couchée là Et puis ils ont fermé leurs barreaux d'acier Betty, faut pas pleurer Betty, faut pas trembler Tu sais, on s'retrouvra là Ailleurs en plein soleil