La foule
Bernard Adamus
... Je revois la ville en fête et en délire Suffoquant sous le soleil et sous la joie Et j'entends dans la musique les cris, les rires Qui éclatent et rebondissent autour de moi Et perdu parmi ces gens qui me bousculent Étourdit, désemparé, je reste là Et quand soudain, je me retourne, elle se recule, Et la foule vient me la jeter dans mes bras... Emportés par la foule qui nous traîne Et nous entraîne Écrasés l'un contre l'autre Nous ne formons qu'un seul corps Et les flots sans effort Nous pousse, enchaînés l'un et l'autre Et nous laisse tous deux Épanouis, enivrés et heureux. Entraînés par la foule s'élance Et qui danse Une folle farandole Nos deux mains restent soudées Et parfois soulevés Nos deux corps enlacés s'envolent Et retombent tous deux Épanouis, enivrés et heureux... Et la joie éclaboussée par son sourire Me transperce et rejaillit au fond de moi Ah mais soudain je pousse un cri parmi les rires Quand la foule vient me l'arracher d'entre mes bras... Emportés par la foule qui nous traîne Et nous entraîne Nous éloigne l'un de l'autre Je lutte et je me débats Ah mais le son de sa voix S'étouffe dans les rires des autres Et je crie de douleur, de fureur et de rage Et je pleure... Entraînée par la foule s'élance Et qui danse Une folle farandole Je suis emportée au loin Et je crispe mes poings, Maudissant la foule qui me vole La femme qu'elle m'avait donnée Que je n'ai jamais retrouvée...