Un existentiel
Benoit Dorémus
Je t'aurais croisée au lycée, juste pour la gloire J't'aurais fait croire que j'pourrais m'tailler les veines J't'aurais surtout fait marrer dans les couloirs Juste pour t'avoir, ça aurait valu la peine, la peine, la peine. J'aurais appris ton prénom, par ta copine Un peu rouquine qui te lâche pas d'une semelle Et puis ma déclaration, Adrénaline A la cantine, ridicule autant que belle, que belle, que belle. Mais me jette pas ce regard, t'arrives des années trop tard, Ca fait du différentiel Laisse-moi avec mon cafard, je suis un existentiel Un existentiel J'attends la prochaine visite du gars Omar L'ami du soir qui est si balèze en parlotte Mes p'tits malheurs qu'on décrypte, ça m'fout d'l'espoir Ca m'fait savoir qu'j'suis pas grand chose sans mes potes, mes potes, mes potes. J'lui dis que la vie est fâchée, qu'j'y arrive pas Et j'sais pas quoi, qu'la neige est trop molle pour moi. Lui, il m'ramène où j'ai pied, il m'remet droit, Il m'dit comme ça, "La vie, elle est folle de toi, de toi, de toi". Mais me jette pas ce regard, t'arrives des années trop tard, Ca fait du différentiel Laisse-moi avec mon cafard, je suis un existentiel Un existentiel Moi j'voulais être un vrai dur, un gars qui braille Qui boit du sky et qui se fout d'où il vient, Avec la musculature pour être de taille Dans la bataille au lieu de flipper pour un rien, un rien, un rien. J'voulais m'poser moins de questions, ou moins souvent, Pourquoi? Comment? Les peurs antédiluviennes... J'aurais trouvé ça si bon d'être au présent Moins oppressant de juste attendre que ça vienne, ça vienne, ça vienne. Mais me j'tez pas ce regard, j'suis pas toujours si bavard Pour aller à l'essentiel. Laissez-moi avec ma guitare, je suis un existentiel Un existentiel. Laissez-moi avec ma guitare, je suis un existentiel Un existentiel