Où sont mes nichons?
Barbara Weldens
J'ai cherché partout : Dans les dunes du désert Aux formes fluides et légères, Dans le fond des océans Aux reliefs proéminents, Sur les joues bien rebondies Des chérubins du parvis Et même chez le boulanger Sous chaque miche enfarinée Où sont mes nichons? Où sont-ils? Où sont mes nichons? Où sont-ils? Est-ce Dieu qui les garda pour en faire des petits plats, Pour offrir des cacahouètes à Bouddha et Imhotep ? J'ai pourtant l'image Bien ancrée dans mes gènes De la femme prototype Qui, radieuse, se promène Avec ses deux beaux archétypes En gloire à sa féminine Condition de gourgandine Et qui, ma fois, s'étonne un peu Quand on n'la regarde pas dans les yeux Où sont mes nichons? Où sont-ils? Où sont mes nichons? Où sont-ils? Est-ce Dieu qui les garda pour en faire des petits plats, Pour offrir des cacahouètes à Bouddha et Imhotep ? Est-ce maman qui oublia d'en laisser un peu pour moi ? Est-ce papa qui préféra que j'n'en aie pas ? J'ai cherché partout : Dans les corbeilles à fruit Aux pommes lisses et brillantes, Dans les volutes d'Arménie Aux formes parfois accablantes Sur le papier glacé qui vous Révèle des rondeurs taboues, Même sur le marbre des statues Parfaites en tout point de vue Où sont mes nichons? Où sont-ils ? Où sont mes nichons? Où sont-ils? Est-ce Dieu qui les garda pour en faire des petits plats, Pour offrir des cacahouètes à Bouddha et Imhotep ? Est-ce maman qui oublia d'en laisser un peu pour moi ? Est-ce papa qui préféra que je n'en aie pas ? De leur propre volonté, peut-être, S'en sont-ils allés ? Peut-être si tout est permis, ils reviendront au balcon J'ai soupiré souvent : En admirant la lune Ou les blancs cumulo-nimbus J'ai même trouvé des volumes Sur le plus piquant des cactus Suis-je donc le seul être sur terre Que la nature fit rectiligne ? Ah oui, tiens, parlons-en de la terre, Ce gros sein rond qui me déprime ! Où sont mes nichons? Où sont-ils? Où sont mes nichons? Où sont-ils? Est-ce Dieu qui les garda pour en faire des petits plats, Pour offrir des cacahouètes à Bouddha et Imhotep ? Est-ce maman qui oublia d'en laisser un peu pour moi ? Mon cul fut-il si jaloux Qu'il ne toléra concurrence, Me faisant une faute de goût Des plus plates désobligeances ? Je n'avais pas vu Qu'au dessus de mon ventre, Entre la gorge et le nombril, Là où tes mains se tentent, J'étais en fait assez fébrile Et qu'après mille caresses Et autant de baisers, Avec patience et adresse, Tu as su les trouver Voila mes nichons sous tes mains ! Voila mes nichons sous tes mains ! Et s'ils sont si petits, c'est pour mieux sentir, pardi, De sous mon coeur qui bat, mon coeur qui bat pour toi Et s'ils sont si petits, c'est pour mieux sentir, pardi, De sous mon coeur qui bat, mon coeur qui bat pour toi.