V'la l'choléra qu'arrive

Aristide Bruant

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Paraît qu'on attend l' choléra, La chose est positive. On n' sait pas quand il arriv'ra, Mais on sait qu'il arrive. V'là l' choléra ! V'là l' choléra ! V'là l' choléra qu'arrive ! De l'une à l'autre rive Tout le monde en crèv'ra ! V'là l' choléra ! V'là l' choléra ! V'là l' choléra qu'arrive ! De l'une à l'autre rive Tout le monde en crèv'ra ! Les pharmaciens vont, répétant : Il vient ! ... la chose est sûre ; Ach'tez-nous du désinfectant... Du sulfat', du chlorure. V'là l' choléra ! V'là l' choléra ! V'là l' choléra qu'arrive ! De l'une à l'autre rive Tout le monde en crèv'ra ! V'là l' choléra ! V'là l' choléra ! V'là l' choléra qu'arrive ! De l'une à l'autre rive Tout le monde en crèv'ra ! Les sacristains et les abbés Répètent des cantiques Pour attirer les macchabé's Dans leurs sacré's boutiques. V'là l' choléra ! V'là l' choléra ! V'là l' choléra qu'arrive ! De l'une à l'autre rive Tout le monde en crèv'ra ! V'là l' choléra ! V'là l' choléra ! V'là l' choléra qu'arrive ! De l'une à l'autre rive Tout le monde en crèv'ra ! On rassemble des capitaux Pour fabriquer des bières. On vendra des cercueils, en gros, A la port' des cim'tières. V'là l' choléra ! V'là l' choléra ! V'là l' choléra qu'arrive ! De l'une à l'autre rive Tout le monde en crèv'ra ! V'là l' choléra ! V'là l' choléra ! V'là l' choléra qu'arrive ! De l'une à l'autre rive Tout le monde en crèv'ra ! Tous les matins, avant midi, Dans une immense fosse, On apport'ra les refroidis Qu'on empil'ra par grosse V'là l' choléra ! V'là l' choléra ! V'là l' choléra qu'arrive ! De l'une à l'autre rive Tout le monde en crèv'ra ! V'là l' choléra ! V'là l' choléra ! V'là l' choléra qu'arrive ! De l'une à l'autre rive Tout le monde en crèv'ra ! L'bon Dieu, du haut du Sacré-Eoeur, Chante, avec tout' sa clique, Et les cagots reprenn'nt en choeur : Crève la République 

Du même artiste :

empty heart empty heart F, G, C7, G7
empty heart empty heart D, D/C#, Bm, Em, A, A7, A6, D6
empty heart empty heart Am, E, C, G, F
Cette chanson évoque l'arrivée imminente d'une épidémie de choléra, un événement qui suscite à la fois la peur et la fatalité. Les paroles décrivent une société préparant désespérément des moyens de se protéger, avec des pharmaciens qui vantent des remèdes et des croyants, comme les abbés, qui prient pour apaiser les âmes perdues. Le ton est à la fois sombre et ironique, soulignant comment chacun, de l'individu aux institutions, semble en proie à la panique face à cette menace invisible. Dans le contexte historique, le choléra a frappé plusieurs fois au XIXe siècle en Europe, provoquant la mort de milliers de personnes et semant la terreur parmi les populations. Cette chanson, tout en étant une réflexion sur la maladie, fait aussi allusion aux réactions de la société face à des crises sanitaires, pointant du doigt l'hypocrisie et l'inertie de ceux qui devraient savoir réagir.