Les cathédrales
Anne Sylvestre
Ô bâtisseur de cathédrales D'il y a tellement d'années Tu créais avec des étoiles Des vitraus hallucinés Flammes vives Des ogives S'envolaient au ciel léger. Et j'écoute sous les voûtes L'écho de pas inchangés-és Mais toujours à tes côtés Un gars à la tête un peu folle N'arrêtait pas de chanter En jouant sur sa mando-le. Sans le chant des troubadours N'aurions point de cathédrales Dans leurs cryptes, sur leurs dalles On l'entend sonner tou-jours. Combien de fous, combien de sages Ont donné leur sang, leur coeur Pour élever devers les nuages Une maison de splendeur ? Dans la pierre Leurs prières Comme autant de mains levées Ont fait chapelle plus belle Que l'ont jamais rêvée. Le jongleur à deux genoux A bercé de sa complainte Les gisants à l'air très doux Une épée dans leurs mains jointes. Toi qui jonglais avec les étoiles Ô bâtisseur de beauté Ô bâtisseur de cathédrales Oh, puissions-nous t'imiter ! Mille roses Sont écloses Au coeur des plus beaux vitraux Mille encore vont éclore Si nous ne tardons pas trop. Et si nous avions tant perdu Nos jongleurs et nos poètes D'autres nous seraient rendus Rien qu'en élevant la tête.