Clémence en vacances
Anne Sylvestre
On l'a dit à la grand-mère Qui l'a dit au voisin Le voisin à la bouchère La bouchère à son gamin Son gamin qui, tête folle N'a rien eu de plus urgent Que de le dire à l'école A son voisin Pierre ou Jean. Clémence, Clémence a pris des vacances Clémence ne fait plus rien Clémence, Clémence tombe en enfance Clémence va bien. Ca sembla d'abord étrange On s'interrogea un peu Sur ce qui parfois dérange La raison de certains vieux Si quelques mauvaises chutes Avaient pu l'handicaper Ou encore une dispute Avec ce brace Honoré. Puis on apprit par son gendre Qu'il ne s'était rien passé Que simplement, à l'entendre Elle en avait assez Bien qu'ayant toutes ses jambes Elle reste en son fauteuil Un peu de malice flambe Parfois au bord de son oeil. Honoré, c'est bien dommage Doit tout faire à la maison La cuisine et le ménage Le linge et les commissions Quand il essaie de lui dire De coudre un bouton perdu Elle répond dans un sourire : "Va, j'ai bien assez cousu". C'est la maîtresse d'école Qui l'a dit au pharmacien Clémence est devenue folle Paraît qu'elle ne fait plus rien Mais, selon l'apothicaire Dans l'histoire, le plus fort N'est pas qu'elle veuille rien faire Mais n'en ait aucun remord. Je suis de bon voisinage On me salue couramment Loin de moi l'idée peu sage D'inquiéter les braves gens Mais les grands-mères commencent De rire et parler tout bas La maladie de Clémence Pourrait bien s'étendre là. Toutes les Clémences prendraient des vacances Elles ne feraient plus rien Toutes les Clémence tombent en enfance Elles seraient bien Toutes les Clémence prendraient des vacances Elles ne feraient plus rien Toutes les Clémence tombent en enfance Se reposeraient enfin.