La petite diligence
André Claveau
Mon arrière Grand-mère m'a conté L'histoire de son mariage. C'est un beau roman du temps passé Qui débuta au cours d'un voyage. En ce temps-là, pour aller loin, On connaissait à peine le train Et l'on trouvait déjà bien beau La voiture et les chevaux ! La petite diligence Sur les beaux chemins de France S'en allait en cahotant, Voyageurs toujours contents. Il y avait un vieux notaire, Un curé et son bréviaire, Une fille à marier, Un monsieur très distingué Le notaire dormait, le curé priait La belle rougissait en silence; Le monsieur parlait et lui récitait Des rondeaux et des sonnets La petite diligence Sur les beaux chemins de France S'en allait en cahotant Par la pluie et le beau temps Lorsque les chevaux péniblement Avaient fait trente kilomètres, A l'hostellerie du "Cheval Blanc," On passait la nuit pour s'en remettre ; Pour aller de Paris à Tours, Il fallait bien au moins huit jours. Évidemment ça donnait le temps De se connaître amplement La petite diligence Sur les beaux chemins de France S'en allait en cahotant, Voyageurs toujours contents. Lorsque la côte était dure, Ils descendaient de voiture Et poussaient allègrement, Car c'était le règlement Le ciel était bleu et le beau monsieur Faisait les doux yeux à la belle. Tandis que le curé se disait : "Ca y est ! Ces deux-là je vais les marier !" La petite diligence Sur les beaux chemins de France Arriva enfin à Tours. Et c'est tout le roman d'amour ! C'est toujours pareil en France Mis à part les diligences Quand on veut se marier Il faut savoir voyager. Il faut savoir voyager !