Maman
Alma Forrer
Au fond, j'entends les cris déchirant les années Et les dimanches gris des ombres de mes rêves fanés Maman, je sais bien que j'ai déçu tes volontés Je suis mal ce matin; je n'ai pas gagné ta fierté Comment ne pas se retourner sur les souvenirs d'antan? Et, moi, j'ai peur de ton reflet; il serait grand temps, Maman D'emmener vers d'autres horizons les songes que j'embrasse, Trouver d'autres consolations dans les années qui passent Car ce qui coule le temps et amorce notre chute, Alors qu'on avance, insouciant de la chance qui débute, 19 ans, premiers jours, jeux de hâte autant que d'effroi De blessures, des détours, de chaque joie, chaque désarroi Je voudrais que tu me voies en entier, que tu t'accroches pour écouter Malgré ma voix un peu fragile, malgré mes mots bien malhabiles Parce que c'est de toi que je viens, d'où je suis née, un beau matin C'est bien de toi que je tiens ce visage et ces petits seins Et puis ces phrases quand elles me hantent Tous les mots qui se pressent dans une gaité débordante Maman, c'est celle de la tristesse Et si j'ai tort de croire encore, en riant aux éclats Si je me perds à chercher de l'or dans des montagnes de gravats Sauras-tu voir ma mère le trésor d'amour que j'ai pour toi? La la la ....