Les amis perdus
Claude Astier
L'autr'dimache moi, Paulo et Nenesse Joyeux com'des enfants apès la messe Je sais plus combien d'pastis on avait bu Mais à la pétanque comme je tirais au but Ma boul' tomba sur le crâne à Paulo L'éclata et fit gicler tout son cerveau Et le bulbe rachidien en bouilli Il monta rapido au paradis On l'enterra le lendemain Et dans les bars sur le chemin On s'imbibait com' des buvards Pour noyer notre dé ses poir. Le dimanche en refoulant nos sanglots On fit dir'une messe pour ce cher vieux Paulo Et Nènesse qui avait encore tant bu Ne vit pas arriver du coin d'la rue Un poids lourd surchargé de tuyau Qui le renversa éclatant ses boyaux Et ses intestins déchiquetés S'étalaient comme une bouillie sur la chaussée Le lendemain au cimetière On l'enterra à la cuillère J'buvais tout seul tout morfondu En pensant aux amis perdus Je noyais mon chagrin dans les bars Accablé par la douleur le désespoir Je buvais et buvais avec abus Je dormais plus j'me lavais plus j'me rasais plus Pour aller au cim'tière voir les copains Le dimanche en m'faisant la barbe dans mon bain Mon rasoir électrique tomba dans l'eau Et je fus électrocuté com' Cloclo (illico) On m'mit dans un poumon d'acier En pleurant je le remplissais J'y mourus comme un rat (moralité) Tel qui bois dimanche Mourira.